Du maïs et des courges en Bretagne
- fanny&jérôme
- 17 oct. 2020
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 nov. 2020
Nous voici au Sud de Guingamp chez Jean-Michel et Sandra, dans une ferme bio "à l'ancienne" : élevage de vaches allaitantes et de poules pondeuses, culture de maïs principalement, pour les animaux, mais aussi en maïs doux.
Cela nous permet d'avoir un autre regard, celui d'agriculteurs nés dans ce milieu, et le vivant au quotidien, avec les difficultés que cela peut avoir. Le poulailler bio de Sandra de 11 000 poules est lié par contrat à la marque qui commercialise les œufs. C'est ce client qui fournit les poulettes, l'alimentation, le matériel... mais c'est l'agriculteur qui paie, et donc investit et emprunte. Et qui a les mains liées. Si l'inspecteur décide qu'il faut changer ceci ou cela au bâtiment, alors, il faut le faire ! Après, c'est un cercle vicieux : investir pour se mettre aux normes, puis investir pour agrandir pour produire plus pour rembourser les prêts... etc etc... C'est bien ce schéma qu'on retrouve partout : la croissance, la croissance !!
Nous sommes arrivés pour une dizaine de jours, logés dans un mobil-home tout confort. Seul bémol : le couple ne travaille pas sur la ferme (le poulailler se situe à 12 km et Jean-Michel travaille comme commercial) et ne fait que passer, le midi, où on mange ensemble et en fin d'après-midi. Si l'on fait quelques activités ensemble, la plupart du temps, nous sommes un peu dans notre coin.
Les activités proposées : ramassage du maïs doux (mais il manque un peu de maturité), de courges (mais là aussi, il faut attendre quelques temps), de haricots coco (mais il pleut, un temps sec est préférable)...
Bref, on s'ennuie un peu. Pour passer le temps, nous entreprenons de construire... des toilettes sèches ! Avec le compost attenant bien entendu. Si ce n'est pas pour la famille même (qu'on sent peu impliquée dans l'écologie malgré leur penchant bio), ça pourra toujours servir aux prochains wwoofers !
Et puis il y a une jument un peu délaissée, alors j'en profite pour me remettre en selle !
Jean-Michel est toutefois très sensible à la préservation des sols. Ses cultures sont en rotation avec des légumineuses qui fixent l'azote de l'air dans le sol et d'autres céréales. L'idée étant de conserver un couvert végétal permanent et de nourrir le sol.
Deux cultures potagères retiennent particulièrement notre attention : la technique Milpa ou "culture des 3 sœurs", et le champ de pommes de terre expérimental.
🌱 Les 3 sœurs
Il s'agit d'une culture ancestrale qui nous vient d'Amérique centrale consistant à cultiver ensemble le maïs, la courge et le haricot grimpant, qui sont ce qu'on appelle des plantes compagnes.

Le haricot, légumineuse, fixe l'azote de l'air dans le sol et le rend disponible aux autres plantes quand il se décompose. La courge, par son feuillage épais, sert de paillage naturel : elle couvre le sol et empêche la pousse des indésirables, protège le sol des intempéries et conserve l'humidité. Le maïs apporte de l'ombre et sert de tuteur aux haricots.
Habituellement, il est conseillé de planter d'abord le maïs, puis le haricot à ses pieds et enfin la courge en quinconce entre les pieds de maïs.
Ici, haricots et maïs ont été plantés en même temps avec l'espacement classique du champ de maïs (rangs espacés de 70 cm, et plants tous les 10-15 cm), puis les courges ont été semées tous les 3 pas, sur un grand champ. C'est étonnant car cette technique est souvent observée dans les jardins potagers sur de petites surfaces. C'était un essai mais le résultat est plutôt intéressant. Les haricots coco entourent bien les pieds de maïs, et sous les larges feuilles, on trouve ici et là des courges courant entre les rangs. Les potimarrons, orange vif, sont faciles à repérer, les variétés de courges vertes se dissimulent plus facilement.

L'espacement sera sûrement à revoir pour faciliter la récolte, et des courges et des haricots, qui apprécieront certainement d'avoir un peu plus de soleil.
En tout cas, arrivés au moment de la récolte, nous nous régalons !
🌿 Des patates dans le foin
Une nouvelle technique fait fureur chez les jardiniers "paresseux" pour la culture des pommes de terre : poser directement des pommes de terre sur votre gazon et recouvrez d'une bonne couche de foin. Oubliez-les et ne revenez qu'à l'heure de la récolte. Il ne vous reste qu'à soulever le foin et ramasser vos patates ! Sceptiques ?
Jean-Michel l'était au départ. Il a donc cultivé une partie de son champ de manière assez classique en posant les pommes de terre au fond d'un sillon et les recouvrant légèrement. Pour l'autre partie du champ, il a appliqué cette méthode de "fainéant"!!
Résultat : sous le foin, les pommes de terre étaient plus nombreuses, plus grosses et plus propres ! Le foin s'est partiellement décomposé, apportant de la nourriture à toute la vie du sol. Le sol est ainsi plus léger, plus aéré, et bien vivant ! Technique adoptée à l'unanimité !

Notre séjour se termine et nous repartons vers une nouvelle étape : la Normandie !
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