Vers un peu plus d'autonomie
- fanny&jérôme
- 29 nov. 2020
- 3 min de lecture
Ça va en faire sourire plus d'un... Même si ça me hérisse le poil quand on me désigne comme parisienne, j'ai beau avoir grandi dans une ferme, je suis plus proche d'une citadine que d'une rurale. Et donc nous voici en famille comme tous ceux qui ont quitté la grande ville : néo-ruraux en devenir avec tout à apprendre ou presque.
Nous sommes en bonne voie d'apprentissage pour la culture de légumes avec nos divers séjours chez des maraîchers.
Mais c'est quoi le contenu de nos assiettes ? Ce n'est pas seulement des légumes, mais également des légumineuses pour les protéines végétales, (genre lentilles, pois chiches, haricots, pas toujours faciles à cultiver en quantité pour une année) et éventuellement des protéines animales. Nous ne sommes pas végétariens, plutôt flexitariens (de la viande de temps en temps, mais ni souvent, ni régulièrement : on va dire une à deux fois par semaine). Et quelle est donc la viande la plus consommée dans le monde ? Le porc 🐷 selon les années, mais de plus en plus le poulet !🐓 Facile à élever à l'échelle familiale, ce dernier est aussi plus simple à mettre à la casserole.
Et donc dans cette idée d'autosuffisance, nous imaginons bien avoir un poulailler et quelques poules. C'est parfait pour terminer les restes de viande et de repas qu'on ne mettra pas forcément au compost, parfait pour avoir des œufs, et parfait pour la poule au pot du dimanche ! Soit. Encore faut-il la tuer cette poule pour la mettre dans le pot !
A notre arrivée dans cette ferme du Perche, nous faisons la connaissance d'un voisin qui s'apprête à tuer une quinzaine de poules. Il nous propose d'emblée de participer.
Allez chiche, c'est parti !
Alors c'est bien beau de décider de tuer un poulet... Encore faut-il le faire !
En théorie, c'est assez simple : on l'attrape, on l'attache et on le fait passer de vie à trépas ! Et bien sûr, on le plume, on le vide, on le mange !
Dans la pratique, c'est autre chose. Surtout pour moi. Pour Jérôme, cela s'avèrera finalement assez facile.
Donc : courir après le poulet pour l'attraper, puis l'attacher tête en bas par les pattes. Jusque-là tout va bien. D'autant que quand on les attrape par les ailes, les poulets se laissent faire dans le calme.
Et puis donc tuer le poulet. La méthode à laquelle nous avons été initiée consiste à introduire des ciseaux bien aiguisés dans le bec pour couper l'artère au fond du gosier. Le cou reste entier, ça fait donc plus "propre". Le poulet se vide de son sang et meurt quasiment instantanément. Là encore, pas de cri, pas de débattage, donc rien de très gore en soi.
Après quelques minutes, on ébouillante l'animal quelques secondes dans de l'eau très chaude additionnée de gros sel et de vinaigre. Le gros sel permet de dépasser les 100°C de l'eau bouillante, le vinaigre aide à retirer le gras des plumes. Puis on plume : on arrache les plumes à rebrousse-plumes ! Les poules ayant une moyenne de 3000 plumes, ça prend un peu de temps pour nos mains novices. Après ça, un coup de chalumeau pour brûler les petites plumes restantes et les poils.
Ouf ! Voilà un beau poulet à poil 😁 ! Reste une étape cruciale : le vider !
Et là, c'est moi qui m'y colle. Et il faut vraiment mettre ses mains dedans !
Là encore, tout d'abord bien aiguiser son couteau. Ensuite, on cisaille la peau sous le croupion. Puis on met ses doigts pour attraper les entrailles. Points d'attention : ne pas découper la boîte à caca, ni la bile qui risque de contaminer la viande.
On décolle les organes de chaque côté puis on retire l'ensemble des entrailles. Selon les goûts on conservera les abats ou on jettera le tout. (Aux poules, par exemple, qui se délecteront des restes de leurs congénères. Et oui, elles ont une petite tendance cannibale... Après avoir vu ça, ça décomplexe totalement pour tuer les poulets !)
Une fois les animaux vidés, on les laissera reposer 24 h pour attendrir la viande avant de les mettre au congélateur.
Après une matinée de travail, nous voilà aptes à tuer nos propres poulets. Ressenti : ce n'est pas vraiment une partie de plaisir, mais ce n'est pas non plus insurmontable. Nous sommes contents de l'avoir fait.
Tuer un être vivant n'est pas un acte anodin. Dans notre société de consommation actuelle, toute cette partie difficile ou sale est déléguée à d'autres. On ne consomme plus que la viande propre, bien emballée dans sa barquette, aseptisée, déconnectée de l'animal dont elle est issue. Chaque personne qui consomme de la viande devrait faire cette expérience. Cela permet de refaire le lien entre l'animal vivant et la viande dans notre assiette.
Merci cher Ivan ! Nous sommes « en pause » bien méritée pour les fêtes, puis nous repartirons pour la suite de notre périple avec de nouveaux challenges à venir ! 😆
Salut ma cousine. Un vrai plaisir de te lire raconter la "vraie" vie. Quel courage... J'avais bien des souvenirs d'abattage de poule avec tout ce que tu décris.... Mais c'était bien loin de la vie que je mène avec ma famille ou tout est aseptisé et en barquette. J'attends avec hâte la suite de vos aventures